La Nature de L’Univers, exposition de Jo Ann Lanneville Jo Ann Lanneville poursuit depuis quelques années une réflexion sur le monde qui l’entoure. Son dernier travail questionne notre habitat, nos lieux de refuge, nos enfermements. L’artiste tente de faire état du déséquilibre dans lequel on se trouve en créant un parallèle entre la nature humaine et celle qu’on habite. Tout son travail tourne autour de la notion de refuge et d’abri, ces lieux qui nous protègent, nous apaisent. Imaginez que vous êtes une maison, remplie de votre monde, de vos repères. De la même manière que la maison offre l'espace pour y mettre ce qui fait notre identité, l’artiste aime utiliser son côté métaphorique pour mettre en exergue l’idée d’un espace qui abrite nos pensées, nos émotions et nos expériences. Dans ses œuvres, Jo Ann Lanneville utilise des formes simples, à la limite de la représentation. Elle souhaite que le spectateur entre directement dans l’œuvre, qu’il se questionne sur ce qui l’habite. Certaines pièces évoquent soit des grottes ou des volcans, d’autres associent les réflexes et comportements humains dans notre espace quotidien. L’artiste imagine des hommes bêtes, des mains souches. Des robes deviennent personnages, les paysages sont réinventés. Pour assurer un contact direct avec la matière et le sujet, elle fabrique des objets, les transforme, les dénature, pour nous conscientiser à l’urgence de préserver notre environnement, et par le fait même, nous protéger. En inversant la nature de certains objets, on s’écarte de leur signification ou de leur fonction première, les objets deviennent des spécimens anthropologiques. Ici et ailleurs, une grande préoccupation habite nos semblables, soit la perte de contrôle de notre environnement; une grande question se pose : où allons-nous? Cofondatrice de l’Atelier Presse Papier et de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières, dont elle assure la présidence, Jo Ann Lanneville compte plus d’une trentaine d’expositions individuelles qui ont été présentées au Canada et dans plus d’une dizaine de pays à travers le monde. Elle a aussi participé à de nombreuses biennales d’estampes et des expositions collectives sur les 5 continents. Elle est aussi lauréate de plusieurs prix au Canada et à l’étranger, notamment le Grand Prix de la gravure à la Biennale internationale Bharat Bhavan de Bhopal en Inde, le Prix du Salon de l’estampe de Paris, le Prix Invitation Biennale internationale d’estampe de Wrexham au Royaume-Uni, etc. Ses œuvres font partie de grandes collections publiques et privées. |
le fantastique dans l’estampe du XIXe siècle.
un article de Joh Peccadille
un article de Joh Peccadille
Du premier octobre 2015 au 17 janvier 2016
Le Petit Palais propose à l’automne une saison sur le thème du fantastique à travers deux grandes expositions d’estampes. La première, Kuniyoshi, le démon de l’estampe rassemblera près de 250 estampes et peintures de l’artiste, provenant pour l’essentiel d’une collection particulière japonaise. La seconde, L’estampe visionnaire, de Goya à Redon présentera plus de 170 œuvres issues des collections du département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France. |
Les artistes ont toujours regardé les œuvres de ceux qui les ont précédés. C’est peut-être plus vrai encore chez les graveurs ou du moins, c’est plus manifeste, plus criant : la filiation est revendiquée, l’hommage déclaré. Rembrandt, Dürer, Callot, combien de graveurs ont-ils inspi-ré ? Dans l’ambiance feutrée des cabinets d’estampes, des centaines d’artistes ont religieusement contemplé une taille, un effet d’encrage, une morsure virtuose. La diffusion massive que permet l’estampe, par essence multiple, les reproductions à bas coût qui envahissent les journaux du XIXe siècle ont autorisé certains motifs à pénétrer profondément la culture visuelle. Tel monstre tiré d’une Tentation de Saint-Antoine se retrouve décliné à l’envi, d’un graveur à l’autre, toujours renouvelé, réinventé, chargé de sens nouveaux. Et que dire du Songe de la Raison de Goya, dont la composition a marqué une pléthore d’artistes ?
Ce jeu de miroirs, de références, d’emprunts et de recréation est le fil rouge de l’exposition Fantastique ! L’estampe visionnaire de Goya à Redon, qui se tient à partir du 1er octobre au Petit Palais. Fantastique ? Une thématique qui traverse le XIXe siècle et trois générations d’artistes : de Delacroix à Redon, en passant par Gustave Doré. Le romantisme noir tisse sa toile à travers le noir et blanc de l’estampe. Le parcours de l’exposition suit cette progression chronologique. La salle introductive présente quelques figures tutélaires, sources d’inspiration incontournables de l’estampe fantastique : Dürer, et sa fameuse Mélancholia, Jacques Callot et sa fourmillante Tentation de Saint-Antoine, Piranèse et ses monumentales Prisons. Et Goya, bien sûr, à qui l’on doit Le Sommeil de la raison engendre des monstres. Artistes du XIXe siècle, œuvres intemporelles: Goya, Redon, Meryon, Grandville n’ont rien perdu de leur pouvoir, leurs motifs frappent, émeuvent et inspirent. Les graveurs actuels ne manqueront donc sous aucun prétexte cette exposition : voir « en vrai » et d’aussi près tant de chefs-d’œuvre de l’estampe occidentale est une chance inouïe. On sait la fragilité des arts graphiques, qui ne supportent pas une longue exposition à la lumière. Aussi les feuilles conservées à la Bibliothèque nationale sont parcimonieusement montrées, pour en sauvegarder la fraîcheur. Dans l’exposition, les œuvres le plus célèbres côtoient des tirages méconnus. Sur le plan technique, c’est un régal pour les yeux : quel exploit que ce Burg à la Croix d’un mètre par soixante-dix centimètres gravé sur bois de bout par Méaulle d’après Victor Hugo ! Et que dire de ces Doré, dont on expose les fumés, c’est-à-dire les premiers tirages d’essais ? On y découvrira aussi quelques curiosités, comme les gypsographies de Pierre Roche, réalisées grâce à une matrice de plâtre… |
En pendant de L’estampe visionnaire de Goya à Redon, le Petit Palais présente une autre exposition consacrée au graveur japonais Kuniyoshi (1797-1861), inconnu en France, mais extrêmement célèbre en Asie. L’institution parisienne a bénéficié d’un prêt exceptionnel de deux cents œuvres issues d’une collection privée. Des tirages aux couleurs exceptionnellement bien conservées, que l’on ne manquera donc pas d’admirer. Enfin, au sous-sol, dans la salle d’arts graphiques, le musée présente un accrochage intitulé « Sabbat et tentation, Dürer, Callot et Desmazières ». La saison s’annonce réjouissante pour les amateurs d’estampes !
Goya, que la génération romantique de 1830 a abondamment regardé : les Caprices viennent d’être découverts par les cercles intellectuels français et pénètrent progressivement la culture visuelle populaire à travers les reproductions parues dans le Magasin Pittoresque. La première section de l’exposition traite de ce dialogue avec Goya à travers les lithographies magistrales de Delacroix et les truculents bois gravés de Tony Johannot (Voyage où il vous plaira) et de J.-J. Grandville (Un autre monde). Sous le Second Empire, le goût romantique renaît à travers l’estampe. Gustave Doré perpétue cette tradition en dessinant les illustrations de L’enfer de Dante. Étranges sont les eaux-fortes de Charles Meryon qui peuple ses minutieuses vues topographiques de Paris d’un cortège de créatures fantastiques. La fin de siècle renoue avec le macabre et l’onirisme. La dernière partie de l’exposition est consacrée à Odilon Redon, dont l’album Dans le rêve est intégralement exposé. Le fantastique a les faveurs des symbolistes belges, Klinger, Rops, Ensor… l'auteure: Johanna Daniel (Peccadille).
Diplômée de l’Ecole du Louvre et de l’Ecole des Chartes, elle travaille dans la valorisation du patrimoine par les technologies numériques et enseigne l’histoire de l’estampe. Elle est aussi l’auteur du blog «Orion en aéroplane» www.peccadille.net. www.johannadaniel.fr |
Lyonel Feininger & l’estampe – une exposition au MuMA
un reportage de Joh Peccadille
Jusqu’au 31 août 2015, le MuMa du Havre expose l’oeuvre graphique de Lyonel Feininger. De cet artiste américain qui a passé la majeure partie de sa carrière en Allemagne, on connaît surtout la grande Cathédrale, qui servit de frontispice au manifeste du Bauhaus. Pourtant, Lyonel Feininger est un artiste prolixe : caricaturiste, peintre, photographe, graveur, il s’est essayé à de nombreux médiums. L’exposition du Havre s’intéresse essentiellement à son travail de dessinateur et de graveur : une occasion rare de découvrir l’estampe allemande de la première moitié du XXe siècle, peu présente dans les collections françaises.
Entre Allemagne et États-Unis Né aux États-Unis en 1871 dans une famille d’origine allemande, Lyonel Feininger va rapidement choisir une voie artistique. A la musique, pratiquée par ses proches, il préfère les Beaux-Arts. C’est en Europe qu’il se forme : Hambourg, Berlin et Paris sont les trois villes où il étudie, de 1887 à 1893. Il débute sa carrière comme caricaturiste de presse, ce qui lui fournit de quoi vivre. Ce n’est que dans les années 1910 qu’il abandonnera définitivement la caricature pour la peinture et l’estampe.
Ses fréquents allers-retours entre Paris et Berlin lui permettent d’absorber les nouveautés artistiques proposées par les avant-gardes : fauvisme, cubisme et expressionnisme allemand viennent nourrir son langage plastique.
Le nom de Feininger est profondément associé au Bauhaus, l’école d’art fondée par Walter Gropius à Weimar. Dès 1919, Feininger est en charge de l’atelier d’art graphique. C’est à cette date qu’il signe son oeuvre la plus célèbre, Cathédrale, une gravure sur bois qui illustre le manifeste du Bauhaus. Bien que dispensé d’enseignement à partir de 1926, Feininger restera à l’Ecole jusqu’à sa fermeture par le régime nazi en 1933. C’est l’heure pour l’artiste de quitter définitivement l’Allemagne, alors que ses œuvres sont déclarées « dégénérées ».
Informations pratiques : exposition au Musée d’art moderne André Malraux au Havre, jusqu’au 31 août 2015.
5 euros l’entrée (musée + exposition), fermé le mardi. Plus de renseignements sur le site du musée
Article plus complet, dans l'Actuel n°5
ou sur: http://peccadille.net/2015/07/21/lyonel-feininger-estampe-muma
un reportage de Joh Peccadille
Jusqu’au 31 août 2015, le MuMa du Havre expose l’oeuvre graphique de Lyonel Feininger. De cet artiste américain qui a passé la majeure partie de sa carrière en Allemagne, on connaît surtout la grande Cathédrale, qui servit de frontispice au manifeste du Bauhaus. Pourtant, Lyonel Feininger est un artiste prolixe : caricaturiste, peintre, photographe, graveur, il s’est essayé à de nombreux médiums. L’exposition du Havre s’intéresse essentiellement à son travail de dessinateur et de graveur : une occasion rare de découvrir l’estampe allemande de la première moitié du XXe siècle, peu présente dans les collections françaises.
Entre Allemagne et États-Unis Né aux États-Unis en 1871 dans une famille d’origine allemande, Lyonel Feininger va rapidement choisir une voie artistique. A la musique, pratiquée par ses proches, il préfère les Beaux-Arts. C’est en Europe qu’il se forme : Hambourg, Berlin et Paris sont les trois villes où il étudie, de 1887 à 1893. Il débute sa carrière comme caricaturiste de presse, ce qui lui fournit de quoi vivre. Ce n’est que dans les années 1910 qu’il abandonnera définitivement la caricature pour la peinture et l’estampe.
Ses fréquents allers-retours entre Paris et Berlin lui permettent d’absorber les nouveautés artistiques proposées par les avant-gardes : fauvisme, cubisme et expressionnisme allemand viennent nourrir son langage plastique.
Le nom de Feininger est profondément associé au Bauhaus, l’école d’art fondée par Walter Gropius à Weimar. Dès 1919, Feininger est en charge de l’atelier d’art graphique. C’est à cette date qu’il signe son oeuvre la plus célèbre, Cathédrale, une gravure sur bois qui illustre le manifeste du Bauhaus. Bien que dispensé d’enseignement à partir de 1926, Feininger restera à l’Ecole jusqu’à sa fermeture par le régime nazi en 1933. C’est l’heure pour l’artiste de quitter définitivement l’Allemagne, alors que ses œuvres sont déclarées « dégénérées ».
Informations pratiques : exposition au Musée d’art moderne André Malraux au Havre, jusqu’au 31 août 2015.
5 euros l’entrée (musée + exposition), fermé le mardi. Plus de renseignements sur le site du musée
Article plus complet, dans l'Actuel n°5
ou sur: http://peccadille.net/2015/07/21/lyonel-feininger-estampe-muma
Journée de l’Estampe Contemporaine - Foire Saint-Sulpice
La Foire Saint-Germain, soucieuse de favoriser les conditions d’échanges et de transmission qui lui étaient chères, a décidé en 2009, lors de sa XXXXIIe édition, de créer la Nuit de l’estampe contemporaine pour faire découvrir un art encore trop souvent méconnu et dont la diversité des pratiques est ignorée du grand public ; en 2011 la Foire Saint-Sulpice, a pris le relais de ces manifestations et maintenu cette Journée de l’estampe contemporaine.
L’objectif est d’offrir un espace de grande notoriété à des artistes de tous horizons ; et c’est avec plaisir que l’on a vu de nombreux exposants de province et même de l’étranger venir s’installer le temps d’une journée au cœur de la capitale. Cette manifestation populaire rassemble plusieurs centaines d’artistes et quelques associations, ateliers, écoles et artisans. Selon la volonté des initiateurs, c’est donner l’occasion à de nombreux artistes d’exposer leurs créations et pendant une journée entière offrir aux visiteurs le privilège rare de rencontres passionnées, de dialoguer autour de leurs œuvres exposées, et de les familiariser avec leur art.
Cette foire à l’estampe, hors toute considération élitiste, a pour seul objectif de rendre accessible à un large public la diversité et l’originalité des tendances contemporaines de ces multiples dans tous leurs états : Gravure sur métal, sur bois, sur lino, sur plexiglas, Lithographie, Sérigraphie ou Image numérique permettant ainsi à de nombreux amateurs et collectionneurs d’accéder facilement à des œuvres d’une valeur certaine et de très haute qualité.
Christian Massonnet
membre fondateur et commissaire général de la Journée de l’estampe contemporaine de la Foire Saint-sulpice.
La 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières, un évènement incontournable !
C’est à Trois-Rivières, à mi-chemin entre Montréal et Québec, que se tient jusqu’au 6 septembre 2015 la 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine. En la visitant, au-delà de la qualité des œuvres exposées, on ne peut qu’admirer le dynamisme, l’enthousiasme et le sens de l’organisation d’une équipe de passionnés qui parvient, depuis un peu plus de 18 ans à mettre sur pied un évènement d’une telle ampleur. Car c’est bien d’un évènement dont il faut parler – le plus important d’Amérique du Nord dédié exclusivement à l’estampe –, qui met en scène plus de 300 œuvres, exposées en quatre lieux de la petite ville québécoise, et qui est doté de plusieurs prix importants. Un accrochage subtil et intelligent, organisé autour d’une dizaine de thématiques, assure la mise en valeur de chacun des 57 artistes sélectionnés par le jury international de la Biennale. Un jury qui, cette année, a extrait des 385 dossiers qui lui étaient soumis la quintessence même de l’estampe actuelle. Un art depuis longtemps affranchi de son image d’art du multiple et dont la variété des techniques – traditionnelles ou actuelles – invite naturellement à l’exploration et l’expérimentation. Cette Biennale en est une parfaite illustration. L’estampe n’y occupe plus que les cimaises. Elle s’approprie l’espace, se monumentalise, se fragmente, devient matière, est unique. Les limites sont questionnées, bousculées, redéfinies. Les techniques s’affrontent, se mélangent, se superposent. Matrice et épreuve se muent en objet. Cette inventivité, à la fois impétueuse et maitrisée, alimente une créativité débordante. En parcourant les différentes salles de cette merveilleuse exposition, la diversité des univers auxquels nous sommes confrontés impressionne d’emblée. Rendre compte de tous est impossible ici – la tentation est grande pourtant – mais, de ce foisonnement d’images puissantes, intrigantes, touchantes, violentes, tendres, nous citerons le monde silencieux et oppressant de Mehdi Darvishi (Iran) – Grand Prix de la Biennale –, l’histoire revisitée du capitaine Cook de Rew Hanks (Australie), les gravures-sculptures de Mario Laplante (Etats-Unis), la monumentale installation-mosaïque de Chloé Beaulac (Canada), les intérieurs sombres et épurés aux lumières tamisées de Marta Lach (Pologne), les espaces semi-désertiques d’Ellen Karin Maehlum (Norvège), les voyageurs anonymes et fantomatiques hantant les couloirs du métro d’Ariane Fruit (France), les détournements ironiques d’Ericka Walker (Canada), les piscines de Nils-Erik Mattsson (Suède) et les délicates évocations végétales d’Anne Leloup (Belgique). Signalons également qu’en marge de la Biennale, plusieurs autres évènements célébrant l’estampe sont organisés dans la ville.
Alan Speller ©2015
Bruxelles, Belgique
C’est à Trois-Rivières, à mi-chemin entre Montréal et Québec, que se tient jusqu’au 6 septembre 2015 la 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine. En la visitant, au-delà de la qualité des œuvres exposées, on ne peut qu’admirer le dynamisme, l’enthousiasme et le sens de l’organisation d’une équipe de passionnés qui parvient, depuis un peu plus de 18 ans à mettre sur pied un évènement d’une telle ampleur. Car c’est bien d’un évènement dont il faut parler – le plus important d’Amérique du Nord dédié exclusivement à l’estampe –, qui met en scène plus de 300 œuvres, exposées en quatre lieux de la petite ville québécoise, et qui est doté de plusieurs prix importants. Un accrochage subtil et intelligent, organisé autour d’une dizaine de thématiques, assure la mise en valeur de chacun des 57 artistes sélectionnés par le jury international de la Biennale. Un jury qui, cette année, a extrait des 385 dossiers qui lui étaient soumis la quintessence même de l’estampe actuelle. Un art depuis longtemps affranchi de son image d’art du multiple et dont la variété des techniques – traditionnelles ou actuelles – invite naturellement à l’exploration et l’expérimentation. Cette Biennale en est une parfaite illustration. L’estampe n’y occupe plus que les cimaises. Elle s’approprie l’espace, se monumentalise, se fragmente, devient matière, est unique. Les limites sont questionnées, bousculées, redéfinies. Les techniques s’affrontent, se mélangent, se superposent. Matrice et épreuve se muent en objet. Cette inventivité, à la fois impétueuse et maitrisée, alimente une créativité débordante. En parcourant les différentes salles de cette merveilleuse exposition, la diversité des univers auxquels nous sommes confrontés impressionne d’emblée. Rendre compte de tous est impossible ici – la tentation est grande pourtant – mais, de ce foisonnement d’images puissantes, intrigantes, touchantes, violentes, tendres, nous citerons le monde silencieux et oppressant de Mehdi Darvishi (Iran) – Grand Prix de la Biennale –, l’histoire revisitée du capitaine Cook de Rew Hanks (Australie), les gravures-sculptures de Mario Laplante (Etats-Unis), la monumentale installation-mosaïque de Chloé Beaulac (Canada), les intérieurs sombres et épurés aux lumières tamisées de Marta Lach (Pologne), les espaces semi-désertiques d’Ellen Karin Maehlum (Norvège), les voyageurs anonymes et fantomatiques hantant les couloirs du métro d’Ariane Fruit (France), les détournements ironiques d’Ericka Walker (Canada), les piscines de Nils-Erik Mattsson (Suède) et les délicates évocations végétales d’Anne Leloup (Belgique). Signalons également qu’en marge de la Biennale, plusieurs autres évènements célébrant l’estampe sont organisés dans la ville.
Alan Speller ©2015
Bruxelles, Belgique
Article plus complet, dans l'Actuel n°5
de notre envoyé Xiména De Leon Lucero
Le salon des multiple
LE SALON DES MULTIPLES # 9 – 2015
MORLAIX (Finistère, Bretagne) France. Comme chaque année depuis 2002, l’association Les Moyens du Bord organise un rendez-vous autour de la petite édition d’artiste. Issue d’une volonté de promouvoir des œuvres originales davantage accessibles que des pièces uniques, cet événement offre une occasion de découvrir le multiple d’artiste sous toutes ses formes (livres d’artistes, gravures, sérigraphies, vidéos, objets…) à travers un salon, mais également une programmation d’expositions, de rencontres avec des artistes et auteurs, d’ateliers, de performances et projections… La neuvième édition du Salon des Multiples s’est déroulée les 8 et 9 novembre à Morlaix (France, Bretagne). Une soixantaine d’exposants (artistes et petits éditeurs) venus de France et Belgique, réunis pour faire découvrir des œuvres produites en éditions limitées. De l’Hôtel de Ville à l’Hôtel de l’Europe en passant par la Médiathèque, collectionneurs, artistes professionnels, passionnés et curieux, se sont retrouvés explorant les différentes formes du multiple d’artiste. Un weekend de découverte autour de l’estampe et de la petite édition. |